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La fraude à l’AdBlue, un dispositif de dépollution des gaz d’échappement, est une réalité bien présente dans le monde des transports en France, comme en témoigne une récente affaire démantelée par les autorités dans le Morbihan. Ce type de fraude, visant à économiser de l’argent sur l’achat d’AdBlue et à obtenir des avantages concurrentiels, a des conséquences désastreuses sur l’environnement en émettant davantage de polluants dans l’atmosphère.
Le fonctionnement de l’AdBlue et les conséquences de sa fraude
L’AdBlue est un produit à base d’urée qui permet de réduire significativement les émissions de NOx (oxydes d’azote) des moteurs à carburant diesel en transformant ces polluants en eau et en azote inoffensifs. Les camions et les voitures récentes sont équipés de dispositifs de dépollution tels que des catalyseurs ou des filtres à particules, qui nécessitent l’injection d’AdBlue pour fonctionner efficacement. Cependant, des transporteurs peu scrupuleux contournent ces dispositifs en installant des boîtiers pour empêcher l’injection d’AdBlue dans les gaz d’échappement.
Cette fraude permet de réaliser des économies importantes sur le coût de l’AdBlue, qui peut s’élever à plus de 50 centimes le litre en station-service. Cependant, elle a des conséquences désastreuses sur l’environnement, car les véhicules qui ne sont plus équipés de dispositifs de dépollution efficaces émettent des polluants dans l’atmosphère à des niveaux beaucoup plus élevés que les normes autorisées. Selon différentes études, les camions équipés de boîtiers anti-AdBlue peuvent polluer entre 5 et 22 fois plus que les camions respectant les normes en vigueur.
Une fraude répandue et facile à installer
La fraude à l’AdBlue est malheureusement répandue dans le monde des transports, comme en témoigne une opération de contrôle menée par la DREAL des Hauts-de-France cet été. Sur neuf sites de transporteurs, 138 véhicules ont été vérifiés, et plus de 70 infractions ont été constatées, dont 2 délits de fraude à l’AdBlue.
Le boîtier anti-AdBlue se trouve facilement sur internet et ne coûte pas très cher, soit moins de 100 euros. Il se dissimule souvent au milieu des faisceaux de câbles du camion et s’active depuis la cabine. Le boîtier bloque l’injection d’AdBlue et indique à l’électronique du camion que tout fonctionne normalement. Les transporteurs peuvent ainsi économiser plusieurs milliers d’euros par an sur le coût de l’AdBlue, ce qui leur permet de proposer des devis plus compétitifs.
Une triche internationale
La fraude à l’AdBlue n’est pas une pratique isolée en France. Elle a été découverte pour la première fois en Allemagne et a ensuite été identifiée dans d’autres pays européens, notamment en Suisse où 30% des camions seraient équipés de boîtiers anti-AdBlue ou anti-filtre à particules. Les chiffres varient selon les régions, mais plus on se déplace vers l’est de l’Europe, plus le taux de fraude est élevé. Ces camions circulent dans toute l’Europe, y compris en France, et polluent massivement l’atmosphère.
La fraude à l’AdBlue est une pratique qui nuit gravement à notre environnement en émettant des polluants dans l’air. Malheureusement, cette pratique est répandue dans le secteur des transports, et les autorités cherchent à la combattre en multipliant les contrôles. Les transporteurs qui contournent les dispositifs de dépollution pour économiser de l’argent doivent comprendre que leur comportement a des conséquences désastreuses pour la qualité de l’air que nous respirons tous.